Donnons accès en Afghanistan à une éducation de qualité
Photo©Dyara Abdulhai
Contexte
L’année 2021 a été particulièrement difficile en ce qui concerne l’éducation des filles en Afghanistan.
La pandémie de Covid-19, l’augmentation des combats entre les forces gouvernementales et talibanes à l’annonce du retrait des troupes américaines, la prise de pouvoir des taliban en août dernier et l’instabilité politique qui s’en est suivie ont fortement compromis l’accès à une éducation de qualité dans l’ensemble du pays. Extrêmement dépendant de l’aide internationale, l’Afghanistan s’est vu, au lendemain de la prise de Kaboul, coupé de sa principale source de revenus. Le gel des actifs étrangers se répercute directement sur le secteur de l’éducation et l’expose à l’effondrement.
L’insécurité alimentaire
Conséquence directe de la crise économique, oblige de nombreux ménages à ne plus donner la priorité à l’éducation de leurs enfants au profit de la contribution aux revenus du foyer. On estime que 7,9 millions d’enfants risquent de ne jamais entrer ou revenir dans le système éducatif.
L’interdiction de l’enseignement secondaire pour les filles de plus de 12 ans.
Une éducation secondaire complète se traduit pourtant pour les adolescentes qui en bénéficient, par des avantages économiques, sociaux et politiques plus importants. Ces adolescentes prennent mieux soin de leur santé et développent une conscience critique leur permettant de prendre des décisions et d’agir. Privées d’éducation, ces jeunes filles sont aujourd’hui davantage exposées à toutes sortes d’abus et de violences et voient leurs perspectives très fortement compromises.
Dans la volonté des taliban d’effacer progressivement les femmes de la vie publique, celles-ci se sont vues interdire de travailler. Les enseignantes de niveau collège et lycée et les femmes afghanes en général ne peuvent donc plus exercer de métier ce qui affecte leurs capacités à subvenir aux besoins de leurs foyers les enfonçant davantage dans la pauvreté.
Nos programmes
“Laissez nous apprendre”
Éducation non formelle pour les jeunes filles afghanes privées d’enseignement secondaire.
Considérant le droit à l’éducation comme une composante essentielle de la réponse humanitaire à apporter en situation de crise, Nayestane permet, à travers son programme ‘Laissez nous apprendre” d’assurer une continuité pédagogique aux jeunes filles de plus de 12 ans privées de l’accès à l’éducation. Le projet a été construit autour du solide réseau d’Afghans et d’Afghanes de la Présidente de Nayestane, active en Afghanistan depuis septembre 2002.
Nos zones d'intervention
PROVINCES CIBLÉES PAR L’ASSOCIATION NAYESTANE :
- Badakshan
- Baghlan
- Bamiyan
- Balkh
- Daykundi
- Fâryâb
- Ghazni
- Helmand
- Hérat
- Kaboul
- Kandahar
- Kapisa
- Ghost
- Kunduz
- Lôgar
- Nangarhâr
- Paktiyâ
- Panjshir
- Parwan
- Samangan
- Takhar
Les jeunes filles sont accueillies par des femmes anciennement enseignantes ou diplômées de l’Université qui ne peuvent plus exercer d’activités professionnelles depuis le retour des taliban au pouvoir.
Les programmes sont ceux de la République Islamique d’Afghanistan tels qu’ils étaient enseignés jusqu’à la chute du régime.
les cours se déroulent au minimum 5 jours sur 7 par demi-journées.
Les espaces d’apprentissage sont mis à disposition par les membres des familles des enseignantes du projet. Ces lieux d’apprentissage représentent un environnement sécurisant, de socialisation qui permet de restaurer un sentiment de normalité dans leur vie.
Des coordinateurs placés dans plusieurs provinces réalisent des entretiens téléphoniques avec les enseignantes, recueillent les données sur le terrain et les transmettent au siège.
Un soutien psychologique est également assuré auprès des jeunes filles et des enseignantes des espaces temporaires d’apprentissage par une psychologue de confiance.
Projet Passer’elles
Parallèlement au projet “Laissez-nous apprendre” nous souhaitons démarrer le projet Passer’elles afin de renforcer les compétences des enseignantes et participer ainsi à l’élévation du niveau scolaire au sein de nos espaces d’apprentissage temporaires .
Plusieurs femmes afghanes sont arrivées en France et bénéficient de la protection du statut de réfugié. Nous avons développé un réseau de collaboratrice qui, à partir de leurs domaines d’expertise (matières linguistiques, scientifiques et droits humains), conçoivent des contenus pédagogiques en persan et forment les enseignantes en ligne à l’animation de ces matières.
Elles sont en outre chargées de la rédaction des tests de niveau trimestriels et annuels pour les classes du niveau secondaire que couvre le programme « Laissez nous apprendre ». Les tests sont ensuite corrigées par l’une d’elles en France et une enseignante en Afghanistan.
L’éducation est ici une passerelle entre des Afghanes vivant dans deux pays différents animées par la même volonté.
Projet Noon
Ce projet garantit la numérisation du programme scolaire et l’accès à des vidéos ludiques et pédagogiques pour les étudiantes dans les espaces où la sécurité n’est pas garantie.
Tous les Afghans n’ont pas accès à l’internet, mais il existe des moyens de contourner cette difficulté. Les plateformes, comme celle que nous utilisons pour notre application permettent de télécharger lorsqu’internet fonctionne et de travailler ensuite hors ligne.
Numériser des contenus pédagogiques qui seront téléchargés sur des téléphones et des tablettes, c’est à la fois contourner l’obstacle trop visible du manuel scolaire, mais c’est aussi la possibilité de lui donner un aspect ludique qui peut compenser l’absence de l’enseignante et de ses camarades de classe.
L’application Nayestane est envisagée dans notre plan de contingence comme alternative à nos classes en présentiel si à l’avenir, les taliban devenaient moins conciliants vis-à-vis de nos espaces d’apprentissage temporaires.
L’application permettrait de dispenser l’ensemble des enseignements sur la plateforme.