L'Afghanistan
bénéficie d’une situation géographique enviée : bien qu’enclavé, le pays est un carrefour clé des échanges mondiaux et l’une des principales étapes de la Route de la Soie. Cette situation lui a valu d’être envahi et de connaître une forte instabilité politique.
histoire contemporaine
Pour rappel, ce pays est en guerre depuis 1979 :
1979-1989
Invasion soviétique
1989-1995
Guerre civile intra moudjahidins
1995-2001
Guerre civile sous régime taliban
2001-2022
Intervention de l’OTAN
C’est donc plus d’une génération qui n’a jamais connu la paix, ni vécu en sécurité.
Néanmoins les 20 dernières années ont vu une modernisation à marche forcée du pays et de la société avec notamment la montée en puissance des femmes dans toutes les sphères de la société : administration, santé, information et communication, commerce et artisanat, secteur bancaire, magistrature, etc… tous ces domaines se sont fortement féminisés sous l’impulsion d’une aide économique majeure de la communauté internationale.
Les conséquences de l'arrivée
au pouvoir des taliban
Depuis la prise de pouvoir des taliban le 15 août 2021, le pays est coupé de sa principale source de revenus.
Le gel des actifs étrangers se répercute sur l’ensemble des services publics qui se retrouvent au bord de l’implosion. Le manque de liquidités des banques entretient un phénomène inflationniste qui touche toutes les strates de la société afghane. Les salaires ne sont plus payés et le chômage explose.
En quête d’une reconnaissance internationale, le régime taliban n’a fourni jusqu’à présent aucune garantie concernant le respect des droits humains, pourtant condition sine qua non d’une potentielle reconnaissance. Le gouvernement qui se voulait être inclusif et représentatif de la diversité religieuse et ethnique n’est finalement composé que d’hommes, en grande majorité pachtounes et nombre des nouveaux ministres sont affiliés à la branche dure du mouvement (plusieurs ministres figurent notamment sur des listes de sanction de l’ONU et quatre sont passés par la prison américaine de Guantanamo).
Déclaré comme priorité nationale, le rétablissement de la sécurité en Afghanistan semble, là encore, une promesse non tenue du gouvernement taliban.
En effet, de violents attentats perpétrés par le groupe fondamentaliste concurrent ISKP (Islamic State in Khorasan Province), ont eu lieu depuis leur retour au pouvoir. L’année 2021 est d’ailleurs devenue la plus meurtrière depuis que la MANUA (Mission d’assistance des Nations-Unies en Afghanistan) renseigne sur la situation sécuritaire du pays. L’offensive et la prise du pouvoir par les taliban ont engendré des niveaux records en ce qui concerne le nombre de morts et de blessés depuis mai 2021.
Les femmes et les enfants sont les premières victimes de l’insécurité ambiante qui souligne l’incapacité du mouvement à gouverner.
Crise humanitaire
Aujourd’hui, l’Afghanistan est confronté à l’une des crises humanitaires les plus complexes de son histoire récente.
Elle s’explique par la convergence de plusieurs facteurs, notamment les vagues successives de Covid-19, les sécheresses à répétition, la recrudescence des combats lors du retrait des troupes américaines et la prise de pouvoir par les taliban. S’y sont ajoutées des séries de très forts séismes et d’inondations dévastatrices. Sans oublier les retombées des sanctions économiques internationales dont la population paie le prix fort.
La situation spécifique des filles et femmes afghanes
Les filles et les femmes afghanes souffrent plus particulièrement des conséquences du retour au pouvoir des taliban.
Les promesses et les engagements pris au lendemain de la prise de Kaboul n’ont pas tardé à être bafoués, réduisant à néant les progrès réalisés ces vingt dernières années.
Les restrictions aux droits des filles et des femmes adoptées successivement rappellent cruellement celles prises en 1996 lors de leur première prise de pouvoir.
Aujourd’hui, les filles ne peuvent plus fréquenter les écoles secondaires et leur accès aux universités publiques est interdit :
Bannies des services publics, quasiment interdites d’exercer un emploi à l’extérieur, les femmes sont confinées chez elles. Si elles sortent, elles doivent se faire accompagner par un homme et impérativement porter un tchadri. Sinon les sanctions pleuvent, la flagellation est de retour.
Elles n’ont plus le droit de faire du sport ni de fréquenter les parcs, les gymnases et les bains publics ni de ‘parler fort’, de lire à haute voix ou de chanter ni de voyager sans être accompagnées d’un tuteur masculin. Les entreprises afghanes détenues par des femmes ont été fermées, les salons de beauté interdits. En tous lieux, elles ont l’obligation absolue de porter un tchadri. Cette politique qui bafoue les droits fondamentaux des femmes et qui vise à les invisibiliser ne relève pas de l’islam, même du plus conservateur, pas plus qu’elle n’est imposée pour le traditionnel “hadj”, le pèlerinage sur les lieux sacrés de l’islam.
Les femmes afghanes qui avaient, après des années d’étude acquis des positions professionnelles de premier plan sont en outre menacées de représailles. Policières, magistrates, avocates, journalistes, militantes des droits humains sont aujourd’hui non seulement privées d’emploi mais souvent recherchées et directement attaquées, emprisonnées, torturées, voire assassinées pour certaines.
Si les taliban d’aujourd’hui ne diffèrent en rien de ceux d’hier, les filles et les femmes, elles, ont su s’émanciper en bénéficiant de la fenêtre d’opportunité qu’ont représenté ces vingt dernières années.